L’Italie de l’époque gothique est constituée de pôles régionaux à l’identité très affirmée. À côté du royaume de Naples et des États pontificaux, deux puissances qui s’effacent au 14e siècle, l’Italie du Nord et du centre est subdivisée en cités dynamiques et rivales. Au 15e siècle s’affirment les seigneuries, avec une lutte acharnée entre la Milan des Visconti puis des Sforza et la Florence des Médicis, soutenue par Venise.
La Toscane du 13e siècle a connu une profonde mutation artistique, traduite à la fois par la redécouverte de l’Antiquité et par l’adoption de l’esthétique gothique, apparue en France. Les figures de proue sont, pour la peinture, Giotto à Florence et Duccio à Sienne, et pour la sculpture, Nicola Pisano et son fils Giovanni. Dans le domaine des arts précieux, les orfèvres siennois mettent au point, à la fin du 13e siècle, le procédé des émaux translucides sur basse-taille. La technique du verre doré et gravé (dit "églomisé" au 19e siècle), d’origine antique, est réinventée à Venise dans la seconde moitié du 13e siècle. Au 14e siècle, les groupes de Descente de croix et d’Annonciation toscans connaissent un grand succès, tandis que Bologne devient un centre de peinture et de sculpture important. Les soieries italiennes, souvent d’inspiration orientale (animaux affrontés), rayonnent dans toute l’Europe.
Au 15e siècle, Florence joue un rôle majeur dans le paysage artistique. Un courant novateur, représenté par Brunelleschi, Masaccio et Donatello, invente la perspective géométrique et porte à son terme la mutation esthétique amorcée par Giotto. Cette "révolution spatiale" gagne les arts tributaires de la peinture, comme la broderie, mais certains domaines, tels l’orfèvrerie, présentent de fortes continuités avec les créations antérieures. L’Italie voit également se développer des productions en nombre et plus modestes : les retables et coffrets des Embriachi, les "nappes de Pérouse", les cuivres émaillés réputés vénitiens.