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D’un musée à l’autre…
Il y a 100 ans, un parcours
de visite thématique

 

À quoi ressemblait le musée de Cluny au début du 20e siècle ? À l’heure où le projet de modernisation des espaces est sur le point de s'achever, découvrez le musée tel qu'il était il y a un siècle, à travers une sélection de cartes postales anciennes des années 1904-1906. 

La façade principale du musée en 1905

La façade principale du musée en 1905

2022 sera pour le musée de Cluny l’année de sa réouverture. Mais ce sera aussi le centenaire de la parution du premier volet du Catalogue général du Musée des Thermes et de l’Hôtel de Cluny d’Edmond Haraucourt, directeur du musée de 1903 à 1925. Ce catalogue, dont il n’a rédigé que les deux premiers tomes (sur les six qu’il prévoyait), avait pour ambition de donner un état des lieux complet des collections.

Alors que le nouveau parcours de visite suivra un fil chronologique, le Musée des Thermes et de l’Hôtel de Cluny de 1905 dédie chaque salle à une technique, un matériau ou un type d’objet. Ainsi on y trouve entre autres une salle consacrée aux bois sculptés, aux émaux, à la ferronnerie, aux retables. Les sculptures en pierre, quant à elles, couvrant une période qui s’étend du 1er au 17e siècles, sont réparties dans trois salles différentes selon leur époque, pour des raisons de place plus que par souci de cohérence scientifique.

 

La salle consacrée aux émaux.

La salle consacrée aux émaux. On y trouve des aussi bien des œuvres du 12e que du 16e siècle.

Le musée se présente alors plus comme une galerie d’art ou un cabinet de curiosités que comme une institution culturelle et scientifique. Les cartels sont réduits à la dénomination de l’œuvre et à une datation approximative, il n’y a que peu ou pas de documentation sur les œuvres, et celles-ci ne sont pas mises en valeur pour leur intérêt historique mais pour leur beauté esthétique propre.

Dans les salles l’espace est encombré par les œuvres. La cohérence de la présentation n’est pas fondée sur une logique chronologique mais analogique. Les œuvres sont regroupées par types pour être présentées. Ainsi,dans le frigidarium où sont exposées les sculptures en pierre du 1er au 14e siècle, les œuvres sont rangées par catégories : d’un côté les chapiteaux,d’un autre les éléments plats (dalles funéraires, tombeau, retables etc.), au centre de la salle : les vestiges antiques massifs. 

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Dans le frigidarium, les éléments sculptés plats sont présentés sur le mur de la cuve de l’ancienne piscine 

Les chapiteaux sont, quant à eux, exposés dans un coin de la salle, alignés contre un mur, tandis que les vestiges de la Lutèce du 1er siècle occupent le centre de la pièce. 

 

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Au fond du frigidarium, les statues des apôtres de l’église Saint-Jacques-de-l’Hôpital côtoient les clefs de voûte de l’ancien collège de Cluny.

  

Cependant, certaines salles font exception. Le goût est déjà aux period rooms, qui reconstituent l’atmosphère d’une époque. La "chambre de François Ier", consacrée à la Renaissance, est meublée comme une chambre du début du 16e siècle. 

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La chambre dite "de François Ier" ou salle Renaissance.

Les conservateurs du début du 20e siècle ont horreur du vide. Ils n’hésitent pas à mettre à profit les particularités des salles pour exposer les œuvres. En témoignent les piliers de la salle de bois sculptés, qui permettent de présenter les statues comme si celles-ci étaient solidaires de la structure. Les murs sont presque invisibles, entièrement couverts par des tableaux, des retables, des tapisseries, des éléments sculptés, des clefs de voûte, des dalles funéraires etc. Ces choix révèlent une conception décorative des œuvres. 

 

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La statue de sainte Marie-Madeleine, ou le Christ en croix du 12e siècle sont exposés adossés aux piliers de la salle des bois sculptés.

 

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Dans la salle des retables, on devine à peine le mur tant il y a d’œuvres réparties sur plusieurs rangées.

 

Cette présentation n'oublie pas cependant de redonner leur sens aux objets exposés. Nombre d’œuvres sont d’anciens objets liturgiques, tirés de leur contexte. La muséographie vient donc suggérer leur fonction, quitte à la théâtraliser un peu. Quatre porte-cierges processionnels encadrent par exemple la grande châsse allemande trônant au centre de l’ancienne salle des bois sculptés.

 

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Comme au milieu d’une nef, la grande châsse allemande est entourée de porte-cierges au centre de la salle des bois sculptés. 

 

Enfin les conservateurs du temps d’Haraucourt ont eu tendance à utiliser des œuvres comme support pour d’autres œuvres. C’est une base de pupitre qui permet de présenter les pleurants du tombeau de Jean-Sans-Peur dans la salle des bois sculptés. Cette habitude contribue à renforcer la confusion entre les époques et peut parfois trahir le sens des œuvres. 

 

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En bas à droite de la photo, une base de pupitre du 15e siècle sert de présentoir à quatre pleurants provenant du tombeau du duc de Bourgogne Jean-Sans-Peur.

 

Vers 1905, le Musée des Thermes et de l’Hôtel de Cluny est encore un musée du 19e siècle. Les collections s’entassent dans une présentation traditionnelle pensée comme une galerie à destination des connaisseurs. Le manque de documentation empêche le grand public de les comprendre. Les évolutions du 20e siècle tendront à ouvrir le lieu et ses collections à de nouveaux types de publics, une ambition qui se perpétue aujourd'hui encore, dans le cadre du chantier de modernisation initié en 2011.