Depuis le jeudi 12 mai 2022, le musée de Cluny, seul musée national en France consacré au Moyen Âge, a retrouvé ses visiteurs. Cette réouverture intervient à l'issue de la dernière phase d’un ambitieux chantier de modernisation pensé dès 2011 et commencé en 2015.
Plusieurs étapes de travaux, selon un calendrier bousculé en raison du contexte sanitaire, ont été nécessaires pour achever la plus grande mue du musée depuis sa création en 1843 :
Le musée modernisé est désormais :
Jean-Marie Heidinger - musée de Cluny
Implanté au coeur de Paris depuis 1843, le musée de Cluny conjugue l’antique, le médiéval et le contemporain. Il est installé dans deux bâtiments classés au titre des monuments historiques : les thermes antiques du nord de Lutèce (1er- 2e siècles) et l’hôtel des abbés de Cluny (fin du 15e siècle). Agrandi au 19e, le musée s’est transformé au 21e siècle avec la création d’un nouvel accueil à l’architecture contemporaine, qui le rend visible depuis le boulevard Saint-Michel.
La modernisation a été menée avec le souci de préserver les atouts du musée qui, depuis l’origine, participent de l’identité de Cluny : un site à taille humaine, une grande proximité avec les oeuvres, une harmonie entre les bâtiments et les collections.
Ce chantier complexe, dans un site classé monument historique, a nécessité plusieurs mois de fermeture partielle ou totale. Dès le printemps, le musée se (re) visitera dans son intégralité.
Jean-Marie Heidinger - musée de Cluny
Conçu dans les années 1950, le parcours permanent présentait les oeuvres par métiers et techniques. Cette approche a été progressivement bouleversée par l’enrichissement des collections, l’intégration de nouvelles pièces ou une meilleure connaissance des œuvres. La refonte de la muséographie s’est imposée dans le cadre du chantier de modernisation.
Elle a nécessité une réflexion sur la lisibilité du parcours, pensée aujourd’hui d’un point de vue chronologique et par grandes unités d’ensemble. Avant de pouvoir réinstaller les quelque 1600 objets présentés, des travaux de gros oeuvre ont été menés, une nouvelle signalétique et de nouveaux dispositifs de médiation ont été réalisés.
Jean-Marie Heidinger - musée de Cluny
La mise en accessibilité des lieux a été une des priorités du chantier ; un enjeu majeur pour un musée occupant un espace particulièrement contraint. Avec notamment 27 ruptures de niveaux, le musée était 100 % inaccessible aux personnes à mobilité réduite. La création du nouveau bâtiment d’accueil en 2018 a constitué la première étape de la mise en accessibilité ; le chantier en cours dans l’hôtel médiéval permet de la parachever.
Ainsi, le musée - doté de trois ascenseurs, d’un nouvel escalier et de deux monte-personnes permettant de régler des ruptures de niveaux - est aujourd’hui 100 % accessible.
Dans la cour pavée de l’hôtel médiéval, un chemin pour les fauteuils roulants a également été aménagé grâce l’aplanissement de pavés.
La refonte du circuit de visite a pour objectif de faire mieux comprendre le site et son articulation avec les collections et d’appréhender l’époque médiévale chronologiquement, mettant ainsi en valeur l’évolution des styles et des techniques.
Le parcours conduit les visiteurs des salles lumineuses du nouvel accueil à l’architecture contemporaine, aux hautes voûtes du frigidarium (salle froide) des thermes antiques, avant de traverser un bâtiment du 19e siècle puis de circuler dans les salles de l’hôtel médiéval. Ses fenêtres, côté cour et côté jardin, ont été ouvertes pour faciliter le repérage et permettre une meilleure compréhension du bâtiment. Le frigidarium des thermes antiques au niveau -1 et la chapelle gothique au niveau 2, sont surtout valorisés pour leur architecture ; ils s’intègrent logiquement dans le parcours de visite.
Tout au long de ce cheminement sur plusieurs niveaux, la nouvelle muséographie, selon une logique d’ensemble, donne à voir la diversité des expressions artistiques principalement européennes, sur un temps long, plus de 1000 ans.
Jean-Marie Heidinger - musée de Cluny
Sculptures, objets d’orfèvrerie, vitraux, émaux, peintures, tapisseries, enluminures et objets de la vie quotidienne illustrent la richesse des productions artistiques de l’époque médiévale. La nouvelle muséographie assume les époques moins représentées dans les collections et met en valeur au contraire celles qui constituent un axe fort, tels l’art français et le 15e siècle. Le parcours est à présent chronologique avec des insertions thématiques, permettant des regroupements essentiels à la compréhension et la valorisation de chefs d’oeuvre.
Le circuit commence par le premier Moyen Âge, puis aborde la période romane, le premier gothique et les audaces de l’abbaye de Saint-Denis jusqu’aux années 1320. Tout l’étage est ensuite consacré aux 14e et 15e siècles. Les visiteurs retrouveront la salle consacrée aux oeuvres provenant de la célèbre Notre-Dame de Paris et notamment les Têtes des rois de Juda.
Bien entendu, la tenture de La Dame à la licorne, l’une des plus belles réalisations du Moyen Âge et chef-d’oeuvre absolu des collections du musée de Cluny, conserve son écrin, inauguré en 2013.
Les visiteurs découvriront aussi une nouvelle salle réunissant pour la première fois les pièces issues de la Sainte-Chapelle et des espaces repensés mettant en valeur l’art profane du 15e siècle, au travers d’objets du quotidien, de l’univers du combat et de la chevalerie.
La visite se termine par un espace riche de nombreuses oeuvres avec notamment la restitution d’un choeur d’église de la fin du Moyen Âge et la mise en scène de pièces majeures : les stalles de Saint-Lucien de Beauvais et les tapisseries présentant en 23 scènes la Vie de saint Étienne.
Jean-Marie Heidinger - musée de Cluny
"On sort de là convaincu que le Moyen Âge n'a rien de poussérieux."
Le Parisien
"L'ensemble est époustouflant, frais comme au premier jour."
L'Obs
"Le Musée de Cluny renaît dans une nouvelle clarté."
Le Monde
"Une muséographie vivante et accessible".
Elle
"Le parcours déroule un discours chronologique aussi efficace que poétique".
L'OEil
"Le parcours mêle repères chronologiques et discours esthétiques pour mieux mettre en valeur les merveilles des collections".
France Inter