Jouant autant de sa présence que de son effacement, il participe en douceur à la création d’une fusion entre l’importé et l’existant. Au regard de cet ensemble bâti, il n’est en quelque sorte qu’une « bague au doigt » désignant au passant la nouvelle vitalité d’un musée qui poursuit la belle idée d’une ville romaine s’édifiant sur elle-même.
L’accolement de deux petites nefs inégales définit l’image contemporaine du nouvel édifice. Sa volumétrie, en apparence fragmentée, réduit son impact dans la perspective depuis le boulevard. Le pli de leur toiture inscrit l’édifice dans un registre formel familier, propre à susciter à terme un principe de couverture pour l’ensemble des vestiges.
En quête d’une illusoire intemporalité dans sa complicité avec l’existant, la vêture est faite de modules de fonte d’aluminium aux dimensions et aux reliefs inégaux en contraste avec les masses lapidaires des vestiges. Souriant au boulevard Saint-Michel, cette texture de fonte modifie ses couleurs au gré de la course du soleil en s’imprégnant, par reflet, des couleurs des vestiges.
Les trois façades arborent de larges aplats de guipures métalliques, avec un motif emprunté aux dentelles de pierre sculptées et repérables sur le tambour de l’escalier intérieur de la chapelle de l’hôtel gothique, l’une des salles emblématiques du musée. Ce motif tatoue certaines tôles de fonte et protège les quelques ouvertures en diffusant une lumière graphique et tamisée. Ce signal identifiable se retrouve sur la grille extérieure en prolongement de la grille historique de l’architecte Albert Lenoir.
L’ouvrage repose sur les quelques micropieux autorisés par l’archéologie dont certains restent visibles et qui traversent l’épaisseur des maçonneries antiques en délimitant une réserve archéologique faussement délaissée d’environ 250 m². Il aura fallu, entre temps, prendre toutes les précautions techniques nécessaires pour répondre aux préoccupations légitimes des archéologues là où précisément « Lutèce était avant Lutèce ».
Sur le plan technique, le bâtiment d’extension est donc fondé sur une série de micro-pieux qui traversent les structures gallo-romaines. Posées sur ces deux rangées de pieux espacés de 12 mètres, des poutres longrines sont engravées dans l’épaisseur des 40 premiers centimètres de la terrasse en terre-plein, épaisseur limitée pour exclure toute perturbation de la surface non fouillée.
À l’intérieur, les cadrages sur ces vestiges structurent le hall : horizontalement à l’ouest vers le boulevard Saint-Michel avec une grande ouverture d’angle et verticalement au nord-est sur l’imposante façade du frigidarium jouxtant et surplombant la salle des enduits.
Lisses ou bruts - bois et béton soigné - les matériaux révèlent à l’intérieur la nouvelle ambiance de l’édifice. C’était l’occasion d’afficher un savoir-faire d’entreprises face à certaines exigences de mise en œuvre que l’on se doit de transmettre pour limiter le choix paresseux de produits industrialisés en totale contradiction avec la qualité des constructions antérieures et la préciosité des collections. Ces matières évoquent autant les zones de fouilles archéologiques que celles beaucoup plus feutrées d’un univers médiéval.
L’organisation intérieure valorise les hauteurs disponibles en se développant sur trois plateaux dont l’un n’est que partiel. Le musée améliore ainsi ses structures d’accueil mais gère aussi sa mission de conservation. Avec cette extension, il élargit à l’étage son parcours de visite grâce à une petite salle d’expositions temporaires que l’on découvre en fin de visite, mais aussi avec l’agrandissement de la dernière salle du circuit permanent du bâtiment Boeswillwald.