La péninsule ibérique aux 13e – 15e siècles
Aux 13e – 14e siècles, l’Espagne connaît un bouleversement radical. Les souverains chrétiens de Castille et d’Aragon poursuivent la Reconquista au détriment d’al-Ándalus (territoire ibérique sous domination musulmane). Après la prise de Cordoue et de Séville, la conquête des Baléares et du royaume de Valence, al-Ándalus se réduit au Sud au royaume de Grenade, qui tombera aux mains des rois catholiques en 1492.
La péninsule ibérique, grâce aux riches terres andalouses et à sa domination sur la Méditerranée occidentale (Sardaigne, Sicile et sud de l’Italie dépendent du roi d’Aragon), connaît une nouvelle prospérité, dont bénéficie particulièrement la Catalogne. Cette dernière produit des pièces d’orfèvrerie très précieuses, commandées par les riches marchands de Barcelone. La sculpture sur albâtre, matériau aux qualités plastiques, connaît un remarquable essor, pour la réalisation de sculptures en ronde bosse, de tombeaux et d’autels parfois monumentaux.
À la fin du 13e siècle apparaît une nouvelle esthétique, promise à un grand succès aux 14e – 15e siècles, qui mêle l’art d’Europe occidentale à celui du royaume de Grenade. Connu sous le nom de "mudéjar", cet art est surtout le fait d’artistes musulmans demeurés en terre chrétienne. Parmi leurs productions se distingue l’art de la faïence de la région de Valence, celui de la céramique lustrée aux effets métallescents. Inventée en Orient autour du 10e siècle, cette technique permet de créer une vaisselle de prestige moins coûteuse que l’orfèvrerie. Au 15e siècle, le foyer de production principal de cette céramique "hispano-mauresque", localisé à Manisès (près de Valence), connaît un grand succès et rayonne hors d’Espagne, notamment en Toscane.