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Tapisseries de l’histoire de saint Étienne

Cet ensemble exceptionnel de douze tapisseries présente en vingt-trois scènes la vie, le martyre et les miracles post mortem d'Étienne, saint patron de la cathédrale d'Auxerre. 

La cathédrale d’Auxerre est, depuis son origine, dédiée à saint Étienne, considéré comme le premier diacre de l’histoire du christianisme et comme le premier martyr, mentionné par les Actes des Apôtres. Plusieurs reliques du saint sont conservées dans le trésor de cette cathédrale, selon un inventaire de 1420. Le choix de la représentation de saint Étienne sur la tenture ancre donc l’œuvre dans l’histoire auxerroise.
Les armes, d’azur à la bande de gueules accompagnées de deux amphistères (dragons) d’or, présentes à onze reprises dans l’ensemble de la tenture, permettent d’identifier le commanditaire : Jean III Baillet, évêque du lieu de 1477 à 1513 et grand mécène de la cathédrale. Les Baillet sont une famille de financiers parisiens, bien connue entre le 14e et le 16e siècle. Un autre blason qui apparaît dès la troisième scène de la tenture appartient à la famille des Fresnes et témoigne de l’union de Jean II Baillet et de Nicole de Fresne, les parents de Jean III.

Après plusieurs hypothèses successivement démenties, le style de la tenture a été rapproché de l’atelier bruxellois de Colyn de Coter et plus particulièrement du peintre flamand Gautier de Campes dont l’activité est documentée à Paris entre 1500 et 1530. Ce peintre a, en particulier, été payé pour la réalisation de deux cartons d’une tenture de l’Histoire de saint Étienne destinée à la cathédrale de Sens, en 1503.

Imposante avec ses quelque 45 mètres de long, la tenture pourrait avoir comporté aussi un portrait du commanditaire Jean Baillet et de son frère Thibaut, et peut-être une autre scène de l’histoire des reliques de saint Étienne. Elle est régulièrement suspendue dans le chœur jusqu’en 1771, avant d’être remisée, puis transmise à l’hôtel-Dieu de la ville. Le Louvre en achète une partie en 1838. Le musée de Cluny devient propriétaire du reste de la tenture en 1880 et l’ensemble est réuni dès 1897.

Les scènes tissées sont denses et suivent précisément les textes qui les ont inspirées. L’ensemble répond à un programme iconographique divisé en trois temps, chacun d’eux abordant une thématique particulière de la vie et de l’histoire des reliques de saint Étienne.
L’institution des premiers diacres et la prédication de saint Étienne, précèdent les scènes liées à son martyre. Puis les tapisseries évoquent la redécouverte miraculeuse de son tombeau à Jérusalem et les translations successives de son corps, d’abord vers Calcédoine, puis vers Rome où les restes de saint Étienne rejoignent ceux de saint Laurent. Les premières scènes suivent les Actes des apôtres, les autres sont inspirées par les Lettres de Lucien et d’Anastase, datant du 5e siècle, ainsi que par la Légende dorée, Legenda aurea écrite par le dominicain Jacques de Voragine (13e siècle).
Des bandeaux de textes situés majoritairement en partie basse des représentations sont rédigés en français. Ces annotations comportent les noms de certains personnages.

Les scènes sont alternativement représentées dans un espace architecturé et dans un milieu naturel. Des éléments verticaux, arbres ou éléments construits supportent les armoiries du commanditaire. La volonté de réalisme est visible dans le détail des scènes : villes en arrière-plan, profondeur du paysage et volumétrie des éléments. Les dallages au sol apportent une perspective aux espaces intérieurs, ponctués de certains détails comme le mobilier ou les fenêtres qui en jalonnent la profondeur.
La répartition des personnages dans les scènes participe à ce réalisme : les principaux acteurs de la scène se trouvent au premier plan et d’autres figures animent le reste de l’espace. De plus, la disposition des protagonistes dans une même tapisserie rythme les représentations et entraîne le spectateur d’une scène à l’autre en créant une fluidité visuelle dans l’ensemble de la tenture et donc une efficacité du discours. Les visages sont expressifs et singuliers ; les carnations sont vives et modelées. Les tissus, richement ornés de détails précieux, adoptent des formes volumétriques simples mais participent à cette impression d’espace et de vie.

D’autres tentures de chœur, une Vie de saint Martin destinée à la cathédrale d’Angers et une Tenture de saint Gervais et de saint Protais, conservée à la cathédrale du Mans, réutilisent des caractères stylistiques et des modèles présents dans la tenture de saint Étienne.
Ces figures similaires permettent de préciser les dates de création de la tenture d’Auxerre, puisque la dernière pièce de saint Gervais et saint Protais porte la date de 1509. La tenture de saint Étienne est donc antérieure à cette date et grâce aux costumes, on pense qu’elle a été tissée entre 1500 et 1509.

N° Inventaire : Cl. 9930 à Cl. 9938 et Cl. 20200, Cl.20201
Hauteur : 163 à 178 cm
Largeur : (totale) 450 cm
Lieu de production : Paris
Lieu de destination : Cathédrale Saint-Etienne d'Auxerre
Complément d'information sur le lieu : Lieu de production : Paris (modèles et tissages ?)
Technique : tapisserie
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