Ce diptyque est composé de deux plaques cintrées en argent niellé, insérées dans une monture en cuivre doré ornée sur sa face externe d’un réseau losangé. Il est doté d’un petit fermoir servant à le fermer pour le transporter. Les faces internes représentent des figures féminines placées sous des arcades, devant un paysage.
Les figures féminines sont des sibylles. Sur le volet gauche, la Sibylla Lubica ou sibylle libyque tient un cierge allumé, symbole de la lumière que la naissance du Sauveur apporte au monde. Sur le volet droit, la Sibylla Europa ou sibylle européenne porte un glaive, évocation du massacre des Innocents et par association de la fuite en Égypte. Nées dans l’Antiquité, les prophétesses que sont les sibylles survivent au Moyen Âge, où elles sont considérées comme l’annonce par le monde païen d’un messie. À la fin du 15e siècle, les sibylles suscitent l’intérêt des imprimeurs parisiens qui en ornent les livres d’heures.
Des analogies étroites peuvent être repérées entre les sibylles du diptyque niellé et celles de certaines estampes dessinées par le maître des Très Petites Heures d’Anne de Bretagne, aujourd’hui identifié à Jean d’Ypres (actif vers 1490 – mort avant 1508) et imprimées pour le libraire Simon Vostre, notamment la série des grandes sibylles (vers 1502-1503).
Ce diptyque aux sibylles, réalisé à Paris vers 1500-1510, est un des objets portatifs les plus précoces provenant d’un contexte français où les sibylles sont représentées. Inédit au musée par sa typologie, il vient enrichir la collection de petits objets de dévotion privée de la fin du Moyen Âge.
Il a été acheté en 2024 et provient d'une collection particulière.