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Astrolabe planisphérique

Quatre tympans : 35°/37°30’ ; 40°/42°30 ; vierge ; 50°:52°30

L'astrolabe est un instrument de calcul qui emploie une représentation de la voûte céleste et de la terre combinée à un calendrier. Il a été conçu dans l'Antiquité, a été grandement employé et perfectionné dans la sphère islamique avant de passer dans le monde chrétien au 12e siècle où son usage se répand ensuite rapidement. L'astrolabe permet avant tout de répondre à une question incluant l'heure, la date et la position d'un astre lorsque deux de ces trois paramètres sont connus, en particulier l'heure exacte à tout moment du jour ou de la nuit. Alors que l'horloge mécanique ou hydraulique, recalée quotidiennement à midi (soleil au plus près du zénith) est un garde-temps, l'astrolabe détermine l'heure en utilisant la gigantesque mécanique cosmique. Mais ses usages d'outil de calcul géométrique et analogique (par opposition au boulier par exemple qui est un outil algébrique) sont infiniment plus diversifiés, au point qu'As Suffi, au 9e siècle, en décrit un millier. L'arpentage d'un terrain ou d'une ville, la détermination de la hauteur d'un bâtiment, la prédiction de la date ou de l'emplacement du lever comme du coucher d'un astre, le comput des fêtes mobiles mais aussi le thème astrologique sont un éventail d'exemples de ses nombreuses applications.

Cet instrument fascinant est également le marqueur d'une société savante en perpétuel déplacement, les différents tympans contenus dans la plupart des astrolabes étant gravés pour être utilisés avec précision sous une latitude fixe. Un astrolabe contenant par exemple trois tympans, gravés sur chaque face avec un différentiel de 5° est donc utilisable dans une fourchette de latitudes de près de 4000km du Nord au Sud, soit grosso modo l'Europe et le bassin méditerranéen, d'Oslo au Caire. C'est précisément cette aire que parcourent les savants, clercs et érudits à même de disposer, d'avoir l'utilité et de maîtriser un tel instrument. Au 11e siècle, un astronome actif à Tolède et Cordoue, Abu Ishaq Ibrahim ibn Yahya Al-Zarqali ou Al-Zarqali (1029 - 1087), inventa un type d'astrolabe universel ne possédant pas de tympan interchangeable et pouvant être utilisé sous n'importe quelle latitude. Le principe, passé à la postérité sous le nom d'azafea, est de faire une projection de la sphère céleste non plus depuis un pôle sur le plan de l'équateur mais depuis le point vernal sur un plan dit colure, coupant les pôles. Ses immenses travaux eurent une influence considérable sur la discipline, il corrigea les données de Ptolémée avec une précision remarquable et dressa des tables des mouvements des planètes, dites Tables tolédanes. Alphonse Le Sage fit traduire son oeuvre et l'incorpora au corpus scientifique de son temps.

L'astrolabe du musée de Cluny appartient au type classique à projection stéréographique de la voûte céleste depuis le pôle nord. Son élaboration générale, sa petite taille, font état d'un objet que l'on pourrait qualifier de premier prix du haut de gamme, si l'on se réfère à une conception actuelle des biens de consommation. Le schéma d'organisation de l'araignée, qui est un des marqueurs stylistiques, place cet objet dans la sphère des petits maîtres (comparé par exemple à Jean Fusoris), tandis que l'atypique cadran lunaire, qui masque un carré des ombres inachevé, ou le tympan laissé vierge laissent entrevoir un commanditaire savant et soucieux de pouvoir obtenir des fonctions de calcul inhabituelles mais aussi peu fortuné, comme en témoigne la qualité générale de l'objet, plutôt moyenne.

Seconde moitié du 15e siècle.
Achat en vente publique.

Laiton rouge (mère et araignée), laiton jaune (tympans, alidade et réglette).

N° Inventaire : Cl. 23915
Diamètre : 7,4 cm
Complément d'information sur le lieu : France ou Angleterre
Siècle : 15e siècle
Technique : gravure
Oeuvre non visible
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