Des années 1160 à la fin du 14e siècle, Notre-Dame de Paris n'a cessé d'être modifiée.
Cette activité doit moins à des défaillances structurelles qu’à une volonté déterminée de son clergé de maintenir la prééminence de l’église. Une administration spécifique, la fabrique, a été développée pour l’administration du chantier. Il faut nécessairement envisager sous la forme d’un dialogue entre maître d’ouvrage (le chapitre) et maîtres d’œuvre l’élaboration d’un projet de construction hors-norme et de ses transformations ultérieures.
La cathédrale abrite plusieurs mondes que l’étude de son fonctionnement au Moyen Âge permet de restituer, entre le chœur liturgique, les chapelles, la nef et autres espaces de déambulation.
La cathédrale est aussi en étroite connexion avec l’extérieur. Il faut rétablir un environnement originel particulièrement dense, avec les ensembles annexes que formaient le palais épiscopal, le cloître des chanoines et l’hôtel-Dieu. La cathédrale exerce également, dans la ville et à l'échelle du diocèse, une prégnance architecturale par sa taille gigantesque, mais aussi pour les différents modèles qu’elle fournit à la construction des églises qui en dépendent.
Les relations avec le pouvoir royal traduisent des enjeux politiques spécifiques qui font la singularité de Notre-Dame dans le concert des cathédrales gothiques. La cathédrale de Paris concentre le plus grand nombre d’images royales capétiennes. L’architecture elle-même témoigne avec éloquence des liens étroits entre chantiers royaux et la cathédrale qui leur sert de référence à la fin du 12e et au début du 13e siècle.
Dany Sandron est Professeur d'Histoire de l'art du Moyen Âge et membre du Centre André Chastel (Sorbonne Université).
Restitution du quartier cathédral à la fin du Moyen Âge, Jean-Claude Golvin (détail)
