À travers une présentation illustrée et des interventions à l’orgue portatif, Julien Ferrando, avec Christophe d’Alessandro (organetto), propose de découvrir les pratiques musicales et les répertoires en usage entre Toulouse et la cour papale d’Avignon au milieu du 14e siècle. Des écoutes de reconstitutions sonores de l'acoustique médiévale en 3D du Palais des papes seront proposées au public.
Au début du 14e siècle la messe va devenir un support de composition majeur pour les compositeurs de cette période. Par le son, le discours mis en musique se déploie dans l’acoustique singulière de l’édifice sacré. C’est une forme de communication par excellence qui permet de toucher un grand nombre de destinataires, jouant un rôle central dans les différentes cours européennes, irriguant la vie politique, théologique et intellectuelle d’un flux permanent de textes et d’oeuvres musicales au carrefour de tous les pouvoirs. Ces pratiques de composition issues de l’Ars Nova vont entrainer un changement progressif dans les usages musicaux des cathédrales comme des cours. Ces usages musicaux inspireront également la création musicale pour le sanctuaire en ouvrant la voie aux messes polyphoniques.
Dès 1336, la papauté d’Avignon s’imposera par l’établissement d’une chapelle pontificale et le recrutement de chanteurs professionnels spécialisés dans la polyphonie. C’est une pratique musicale où liturgie et textes d’actualités politiques se superposent aux textes de l'ordinaire : la nouveauté côtoie la tradition. Ces messes étaient avant tout des recueils de mouvements indépendants et assemblés par les chantres au moment de leur interprétation comme on peut encore le voir dans le manuscrit 16bis d’Apt.
Progressivement ces messes sont de plus en plus conçues dans une forme cyclique, dans une certaine unité (comme pour la messe de Tournai, de la Sorbonne et la messe de Toulouse). L’art de la nouveauté s’allie donc par l’Ars Nova à l’art de la virtuosité qui agrémenteront les différentes parties de la messe mais également favoriseront la création de répertoires pour le clavier. Les organistes adaptent ainsi ces mouvements de messe dans des pièces usant d’une grande virtuosité, sorte d’improvisation notée que l’on jouait en alternance avec le mouvement de messe chanté. Le codex Faenza sera notamment l’un des corpus les plus célèbres de cette pratique.
